Photos @ christophe barreau

Text @ Arnaud Chabé

Journal La depeche/ l'indépendant 


David Vanorbeek, sculpteur de et sur métal, habite Azille. La maison qu’il loue étant promise à la vente, il souhaite, désormais, créer un parc pour accueillir le public autour de ses œuvres et, à terme, celle d’autres artistes. Rencontre.

Pas facile de vivre de l’art. Surtout par les temps qui courent. Et quand, en plus, on a décidé de se consacrer à la création sur métal et aux sculptures monumentales qui peuvent en naître, les choses peuvent très vite se compliquer. Pourtant, c’est ce qu’arrive à faire David Vanorbeek. Cet artiste d’origine belge, installé à Azille, dans le Minervois, est tombé dans le chaudron de la création il y a une vingtaine d’années, après avoir œuvré un temps en qualité d’éducateur spécialisé. Avec sa compagne Nathalie, elle-même créatrice sur textiles, il se consacre ainsi à sa passion, son art de vivre qui est aussi devenu son gagne-pain. Oh, pas de quoi être riche à milliards : "Je ne suis pas matérialiste", souligne d’ailleurs David. Mais de quoi subvenir aux besoins du ménage, à ceux des études de ses deux filles. 

 

Déménagements en série

 

Seulement voilà, aujourd’hui, un problème, récurrent tout au long de ces deux dernières décennies, alimente l’incertitude mais aussi, par ricochet, le cheminement vers un nouveau projet. Explications. "Depuis que nous sommes arrivés en France, il y a 18 ans de cela, nous avons déménagé à neuf reprises. Car les propriétaires des maisons que nous louons souhaitent vendre à chaque fois", confie David. Ce qui peut apparaître comme un futile désagrément devient, les années passant, une complication quand les œuvres pèsent des tonnes, qu’elles s’accumulent et qu’il faut, de fait, soit les déplacer, soit les stocker quelque part…

 

Alors, David et Nathalie ont eu une idée. Plutôt que de se mettre en recherche d’un bien à louer, pourquoi ne pas créer, de toutes pièces, leur lieu privé, avec leurs ateliers, propice à accueillir du public. Un parc tout autour pourrait également devenir une sorte de sentier sculptural et permettre aux familles, le week-end par exemple, aux groupes scolaires, ou autres de flâner entre nature et créations… Pour ce faire, l’argent étant le nerf de la guerre, il faut donc que les moyens suivent.

 

Et là, David l’avoue : "Si je vends des sculptures à des collectivités (Port-Barcarès, Font-Romeu, Canet-en-Roussillon), à des particuliers, des collectionneurs d’art, à des structures privées (l’Eco-Hôtel d’Yves Rocher dans le Morbihan ; un musée d’insectes vers Paris), à des parcs en Belgique, Pays-Bas… les réserves sont maigres ! Et, bien souvent, les expositions auxquelles je participe ne servent qu’à rembourser les frais de transport et d’hébergement. Avec des revenus irréguliers, les banques demandent un apport qu’il m’est difficile de mettre sur la table."

 

D’où l’idée de lancer une campagne de participation, de cagnotte en ligne, de "crowdfunding" comme on dit. Chaque généreux contributeur pourrait ainsi devenir "ambassadeur" ou "ambassadrice" du parc et recevoir une sculpture en métal dont la taille variera en fonction de la somme allouée. Pour ceux qui voudraient donner un peu moins, un statut de parrain de l’une des sculptures monumentales pourrait leur être attribué. "Bien évidemment, je m’adresse aussi aux entreprises qui souhaiteraient s’investir en qualité de mécènes", ajoute encore David. Histoire de forger un solide ancrage culturel en terre d’Aude…

 

Pour la campagne participative : www.cotizup.com/parc-de-sculptures-public Le site de l’artiste : www.vanorbeek.com

Des expositions partout en France et au delà

 

Le travail des métaux recyclés (notamment les fils de fer de la vigne, les cerclages de foudres...) a permis à David Vanorbeek de se forger une solide réputation dans le monde de l'art contemporain, en étroits liens avec la nature. De la Belgique à Agen, en passant par la Bretagne, il expose un peu partout en France et même au-delà. Plus près de nous, des sculptures portant son nom figurent dans le sentier sculptural de Maironnes, dans les Corbières. Il fut aussi un habitué de la fête de la sculpture, à Caunes-Minervois, et a également exposé au château L'Hospitalet l'année où Yann Arthus-Bertrand avait dévoilé ses photos de La Terre vue du ciel.